PACE EXPERT

Le déclin de la biodiversité et des services écosystémiques constitue une problématique particulièrement cruciale, qui appelle des réponses pressantes. Il est d’autant plus urgent d’agir, que la survie de communautés entières dépend des solutions qui attendent d’être proposées et mises en œuvre.

Au Sénégal, les autorités ont très tôt pris la mesure des enjeux liés à la préservation de la biodiversité, en prenant des mesures parmi lesquelles la création de réserves naturelles. C’est dans cet esprit que dès 1986, l’Etat du Sénégal a créé en réponse au déclin rapide de l’environnement dans la région, et pour enrayer la perte ultérieure des forêts et de la biodiversité, la Réserve Naturelle de Popenguine (RNP), qui couvre une superficie de 1.009 hectares, dont une frange maritime située à 800 mètres de profondeur et plus de deux kilomètres de long. La réserve renferme également une partie sud de la forêt ancienne de Popenguine.

Placer la communauté au centre du projet de développement écologique

A Popenguine, les acteurs communautaires au premier rang desquels, les femmes, ont très tôt compris que la survie de la communauté dépendait de la préservation de la biodiversité et de leur implication dans la vie de la réserve. Dans cette optique le Collectif des Groupements de Femmes pour la Protection de la Nature (COPRONAT), qui est un partenariat entre les collectivités locales et le gouvernement sénégalais, a été créé et de chargé de protéger la réserve naturelle de Popenguin. COPRONAT rassemble des groupements de femmes de huit villages qui travaillent à la gestion volontaire des pépinières, à la plantation d’arbres, à la gestion de l’érosion et des déchets, à mener des activités de sensibilisation à l’environnement et à réduire la pauvreté en investissant dans la communauté. Le groupement compte a son actif d’importantes réalisations dans la restauration de l’écosystème de la mangrove et la préservation de la biodiversité de la réserve et ses environs, sur un périmètre couvrant un total de 100 kilomètres carrés. Grâce au travail des femmes, des espèces menacées comme le chacal, la mangouste, la civette, gris céphalophe, le singe patas et le lièvre de brousse, ont été rétablis dans la réserve et toute la région.

Accompagner la communauté pour donner un nouveau souffle à la réserve

Malgré la bonne volonté des femmes et de l’ensemble de la communauté, des difficultés subsistent et un certain nombre de menaces liées parmi lesquelles la prédation foncière, certains projets immobiliers touristiques, continuent de planer sur la tête de la communauté et de la réserve. Cette situation est d’autant plus problématique que les moyens de subsistance et les économies locales dans la région de Popenguine, dépendent des ressources naturelles et sont largement orientés autour de l’élevage, la pêche et l’agriculture à petite échelle.

C’est pour donner un nouveau souffle au développement communautaire autour de la réserve, que PACE (Pan African Consortium of Experts), s’est engagé auprès de la communauté, à travers le projet « Approches et Expériences communautaires pour la conservation et la restauration de la Biodiversité dans le réserve Naturel de Popenguine KEUR CUPAM ». En effet, une équipe d’experts de PACE, conduite par le docteur Seydina Ousmane Sène, a rendu visite à la communauté le 06 octobre dernier, au service duquel PACE compte mettre différentes expertises, pour que le capital de connaissances disponibles puisse être exploité et mis au service du capital humain, pour que la communauté bénéficie du plein potentiel de la réserve.

L’accompagnement de PACE va permettre d’instaurer et de renforcer un environnement favorable de développement communautaire, regroupant toutes les parties prenantes autour du ministère de l’Environnement. Il couvrira également la régénération des activités de survives pour la communauté autour de la réserve avec comme objectif principale, la restauration à la biodiversité. Aussi, PACE ambitionne-t-il de promouvoir les activités de résilience aux changements climatiques et aux chocs naturels, en misant sur le leadership féminin ; les femmes étant les premières victimes des conséquences de ces différentes crises.

Pour que la réserve atteigne sont plein potentiel et que la communauté bénéficie des retombées économiques, un plaidoyer fort reste à être mené auprès des autorités et des partenaires. PACE va accompagner la communauté dans ce sens, en particulier sur des questions cruciales qu’il faudra nécessairement documenter avec des données probantes, comme la sécurisation des régimes fonciers et l’emploi des jeunes de la région, ainsi que la situation socioéconomique des femmes.

 La réserve de Popenguin recèle de grands potentiels qui peuvent garantir à la communauté et à la région des retombées économiques substantielles, tout en contribuant au développement de la biodiversité et de la préservation de l’environnement. Pour ce faire, tout projet de développement doit être construit autour de la communauté, pour des solutions durables et résilientes. C’est tout le sens de l’engagement de PACE auprès de la communauté, en partenariat avec COPRONAT et l’ensemble des acteurs, pour que la réserve soit un pôle environnemental, écologique et économique, au bénéfice des populations, en particulier des plus vulnérables.